Réflexion

« J’ai mis du temps, mais le temps ne compte plus !

Au début, comme les idiots, je provoquais des passes d’armes, des bruits de ferraille sans effet.
Mon Maître disait : Tu es comme la vague qui heurte la digue et y gaspille son eau à grand bruit. Ce n’est pas la Voie.

Puis, longtemps, j’ai cru qu’il fallait attendre l’ouverture pour frapper.
Mon Maître disait : Tu es comme le drapeau qui attend le vent pour claquer. Ce n’est pas la Voie.

J’ai progressé. Je suis devenu l’autre. Je voyais son attaque, l’ouverture, avant qu’elle ne brille dans ces yeux.
Mon Maître disait : Tu es un bon guerrier qui devine l’adversaire. Ce n’est pas la Voie.

Alors, je suis rentré en moi-même, et j’ai travaillé, longtemps. Et j’ai fini par découvrir ce que je croyais l’ultime Vérité : ma décision ne dépendait que de ma décision. Je portais le coup, unique et définitif, parce que c’était comme cela que ce devait être.
Mon Maître m’a dit : Maintenant, tu es un Maître, mais ce n’est pas encore la Voie.

Il m’a donné son école et s’est retiré dans la montagne. Aujourd’hui, après beaucoup d’enseignement, je sais. Lorsqu’un sabreur observe avec simplicité, sans but autre que celui d’observer, alors ce qu’il observe, il le crée. Il crée le combat, ou l’absence de combat, et tout l’environnement. Et ceci est la Voie. »

Le Taoïsme antique (Tao Kia) a été fondé par Lao Tseu, le Sage légendaire, contemporain de Confucius. Le Tao Te King (Classique de la Voie et de la Vertu) composé par le Maître représente l’essence même du Taoïsme. Ses poèmes demeureraient très hermétiques sans les écrits deTchouang Tseu. Le Taoïsme a joué un très grand rôle dans la Chine impériale, en ce sens qu’il constitue une synthèse des conceptions pré-confucéennes. C’est pourquoi les concepts que l’on retrouve dans le Tao Te King ne constituent pas des nouveautés. Ils ont subi néanmoins quelques modifications dans leur définition. Aussi, les entités dispersées de l’époque protohistorique se retrouvent dans le Taoïsme antique, imbriquées les unes aux autres pour former un système d’une cohérence remarquable. 


Pour ceux qui n’ont encore aucune idée du sujet, nous leur citerons quelques mots-clés : 



Le Taoïsme a influencé fortement la mentalité chinoise sans que cette dernière s’en aperçoive. Ainsi, l’idée centrale selon laquelle l’homme est né du Ciel et de la Terre, implique la non-séparation de l’être humain et de l’Univers. Il convient dès maintenant de noter cette symbiose fondamentale. 

Les relations commerciales et culturelles que la Chine entretient avec ses voisins appelés zone ou espace sinisé, ont permis au Taoïsme de se diffuser largement. Dans le cas particulier du Japon, ce dernier a imprégné le Shinto, notamment par des pratiques magiques et plus tard le Bouddhisme Zen (le non-agir ou Wou Wei). 

Nous commencerons notre exposé par une présentation chronologique de l’histoire de la Chine impériale pour permettre de situer le Taoïsme dans son contexte initial, puis nous évoquerons les concepts pré-confucéens que nous avons déjà mentionnés plus haut, puis nous aborderons le Taoïsme proprement dit, en insistant sur la Triade (les « 3 Puissances ») ou Microcosme-Macrocosme et de son rapport avec le Taosuprême. 


Chronologie historique de la Chine ancienne :

Voici une présentation générale et chronologique des courants fondamentaux qui ont imprégné la Chine impériale et par la suite sa zone d’influence (ex. Japon, Corée, Viêt Nam etc…).

Concepts pré-confucéens :

Voici un aperçu des concepts-clés de la pensée Chinoise. Leur origine reste inconnue ou incertaine. Ils constituent néanmoins l’ossature de la mentalité asiatique orientale et extrême orientale, sous une forme ou sous une autre. 

Finalement, les Anciens Chinois de l’époque pré-confucéenne représentent l’Univers sous un angle panthéiste et hiérogamique. Aussi, Yin et Yang assurent la continuité des processus naturels. Les notions de Tao, Microcosme et Macrocosme établissent une hiérarchisation du Monde. 

 

Le taoïsme antique :

Tao suprême

Le Tao représente l’entité primordiale et éternelle, antérieure aux divinités supérieurs (Ti) (Tao Te King, chap. 25) et il est à l’origine du Monde Visible (Yeou) (Tao Te King, chap. 40) . Englobant le Vide (Wou), il est inacessible au sens. Aussi, reconnaissons-nous dans cette conception l’existence d’une hiérarchie déjà mentionnée : 

De fait, il existe selon cette approche, une réalité supérieure qui transcende toutes les modalités sensibles et insensibles. Finalement, nous avons un dépassement du principe d’Ordre énoncé antérieurement. Dans un contexte contingent, le Tao possède une tendance féminine (Yin), designé comme ‘La Mère du Monde’, ‘le Mystérieux Féminin’ par Lao Tseu. Son Te (Vertu nourricière) entretient et amène à maturité les êtres, grâce à la collaboration du Ciel et de la Terre, du Yin et du Yang. 

Ascèse taoïste :

Partant de l’idée que le Te supérieur se confond à l’efficacité du Tao lui-même. Les taoïstes condamnent la connaissance discursive (Tao Te King, chap. 2) car générant la multiplicité. De même, le langage n’introduit que des Tao contingents et donc limités. Par ailleurs, ils suivent une discipline de vie méthodique (ascèse) : maîtrise des facultés sensorielles et des sentiments (Tao Te King, chap. 12), concentration et entretien du Souffle (Ki). De fait, cette approche est considérée comme surpassant les ‘petites’ vertus :

Finalement, le taoïsme prend ses distances vis-à-vis de la voie de Confucius. Cependant, il est important de signaler à ce stade que ces 2 doctrines ne s’opposent nullement. En effet, elles possèdent chacune leur place respective dans la culture Chinoise. 

Le non-agir (Wou Wei) :

Le Wou Wei se présente comme le concept-maître du taoïsme antique. Ce concept renvoie à des images telles que le cours d’eau que rien n’arrête, ou une roue tournant dont le centre demeure toujours immobile. Le non-agir revête un nombre indéfini d’aspects :



Le taoïsme visent à l’intégration totale et effective de l’homme dans l’Univers. Pour ce faire, il ne recommande pas la connaissance discursive et se détache donc de la voie confucéenne, mais prône l’intuition intellectuelle directe ou non-mental, la spontanéité et le détachement, même dans l’action. C’est pourquoi, le Wou Wei (non-agir) représente le concept-clé de la doctrine : ‘(…) Le sage gouverne par le non-faire, il enseigne par le non-dire (…)’. 

A suivre… 

Le Tao : concept chinois du Chemin (Do ou Michi en japonais).